Depuis l’espace, l’ISS détecte du gaz à effet de serre s’échappant de Blue Origin


L’entreprise spatiale de Jeff Bezos rejette une grosse quantité de méthane, visible depuis la Station spatiale internationale. Les fusées de la société fonctionnent au gaz naturel liquéfié, soit du méthane presque pur.

Au Texas (États-Unis), où Blue Origin envoyait en 2021 son propriétaire et fondateur d’Amazon Jeff Bezos, une quantité importante de méthane diffusée dans l’atmosphère est visible depuis la Station spatiale internationale, en orbite à 400 kilomètres de haut. Alors que la société cherche à s’installer en Europe pour obtenir une troisième base spatiale après celle en Floride, voilà qu’elle continue de participer d’une façon disproportionnée à l’émission de gaz à effet de serre.

Selon les analyses de Carbon Mapper, les relevés d’émissions porteraient à un niveau impressionnant : 1,5 tonne par heure. Les mesures datent du 4 juin dernier, mais n’auraient jamais été rendues publiques. Il n’est pas clair cependant combien de temps la fuite a-t-elle duré, l’organisation à but non lucratif ne l’ayant pas indiqué – ou n’étant pas en possession de cette information.

Le problème du méthane et des sociétés du spatial

Selon l’ONU, les émissions de méthane représentent un quart des raisons du réchauffement climatique à ce jour. Puits et pipelines de gaz naturel émettent bien plus que Blue Origin, à raison de 2,7 millions de tonnes de méthane par an pour l’un des sites américain situé non loin de la base de la société du spatial de Jeff Bezos, mais Blue Origin aurait tout de même obtenu en janvier 2020 un permis pour pouvoir déverser 60 tonnes par an. Les chiffres ont peut-être augmenté depuis, mais rien ne permet de le confirmer.

« La quantité d’émissions en ce moment n’est pas si importante pour contribuer de manière significative à l’impact total de l’homme sur le climat », a déclaré à Bloomberg Martin Ross, un scientifique spécialisé sur l’atmosphère qui travaille chez l’organisation à but non lucratif Aerospace Corp Ross. « Mais nous pensons qu’il y aura beaucoup de croissance », nuançait-il, alors que l’industrie du spatial devait plus que doubler en volume d’ici 2030, passant de 447 milliards de dollars à plus de 1000 milliards de dollars selon le Forum économique mondial et McKinsey.

La Texas Commission on Environmental Quality, qui a reçu l’information de Blue Origin pour déverser 60 tonnes de méthane par an, ne fixe pas de limites quant aux émissions de ce gaz dans l’atmosphère. Il n’est pas exigé non plus que les sociétés communiquent sur leurs niveaux de rejets, d’où le fait que les données ne soient plus à jour depuis trois ans pour Blue Origin. La société a d’ailleurs refusé de préciser l’information après une requête de l’agence Bloomberg. Une porte-parole déclarait : « il n’y a eu aucun problème ni dépassement des seuils de signalement ».

Ironie du sort, de nombreux satellites propulsés par les entreprises comme Blue Origin et SpaceX visent à surveiller depuis l’espace les émissions en méthane sur Terre. En 2021, Elon Musk, le patron du rival de Blue Origin, déclarait : « ne vous inquiétez pas trop du méthane. […] Il se décompose rapidement en CO2. Le méthane n’est pas une molécule stable ».

Source : Bloomberg



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Catégorie article Sécurité

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